Carnet de voyage en solitaire à Hiroshima

Oser voyager seule – Hiroshima

Parc Sakuragicho

Je lève les yeux et regarde par la fenêtre.

Les fleurs de cerisiers tombent comme de la neige depuis le haut de la colline du parc de Sakuragicho. Les japonais annoncent le printemps depuis plusieurs semaines mais visiblement il prend du retard. La pluie tombe à grosse goutte, le vent souffle fort, l’air est glacial et les larmes coulent le long de mon visage. La nuit est déjà là, je dois partir, oui… mais pour aller où?

La décision de voyager seule est une étape particulièrement délicate à franchir. Mais se retrouver, au sein même de ce voyage, à traverser des océans de solitude, est certainement l’étape la plus difficile à laquelle nous ne sommes pas préparées.

Il en est donc de ce soir ou les questions vont et viennent…pourquoi continuer ? Ou aller ? Pourquoi suis-je encore et toujours seule dans mes décisions ?

Le confort que je m’étais créer durant le mois que j’ai passé dans ce petit appartement japonais m’a fait oublié le côté aventurier de ce voyage. Il faut dire que l’hospitalité japonaise n’a d’égale que celle d’un palace 5 étoiles.

Mes amis japonais vont me manquer, tout était simple et joyeux ici, et même si au fond je sais que ce qui m’attends sont des bonnes choses, j’entame la phase difficile du voyage…l’inconnu en solitaire!

Je passe ma dernière soirée à Yokohama dans un état d’esprit partagé : envie de partir et envie de rester. Mais la nuit apaise mon esprit. Je me réveille avec l’envie de partir le plus loin possible, pensant que le soleil sera forcément à l’autre bout du pays…et dans ma tête.

Demain je serai à Hiroshima! Curieusement, à chaque moment de doute dans ce voyage, je choisis des lieux historiques marqués par des événements dramatique… certainement pour mieux me rappeler que peu importe l’intensité du problème, la vie reprendra toujours ses droits.

Je me ressaisi, je suis prête à partir. Faire un choix est souvent l’étape la plus difficile, une fois qu’il est fait, il n’y a plus qu’à se laisser porter.

J’embarque dans mon bus à 23h sous une pluie battante si caractéristique de Tokyo. Le seul souvenir que j’emporte sera un de leur fameux parapluie transparent. Je ne suis pas triste de quitter la folie Tokyoïte, je le suis de quitter mes amies. Mais la vie à prouvé à plusieurs reprises que le monde est petit et que les frontières sont loin d’être infranchissables.

Me voilà donc de retour avec moi-même pour 12h de bus.

Les rideaux sont tirés et lorsque je me risque à regarder par la fenêtre je les referme aussitôt en priant pour que le ciel m’ait entendu à destination.

Je fais le bilan de ce début de voyage, des rencontres et des lieux incroyables, des évènements surprenants et de l’avancée sur le chemin de la connaissance de moi inespérée.

Cette phrase me trotte dans la tête : « Happiness is when you’re free of anything who’s haunting you ».

Aujourd’hui je me sens forte, un sourire s’accroche sur mon visage, une victoire sur le moi souffrant, celle qui me faisait toujours retomber dans les mêmes schémas de pensées. La vie m’appartient et je suis seule responsable de mes décisions.

A partir de ce moment je peux m’endormir tranquille, j’ai la sensation que tout devient possible…

Lorsque je me réveille nous arrivons à Hiroshima… je suis stupéfaite par ce que je vois par la fenêtre : comment imaginer qu’une bombe atomique est venue anéantir cette ville il y a de cela 70 ans ?

Les immeubles ont poussés à nouveau, les arbres aussi et la population semble ici bien plus sereine qu’à Tokyo. Lorsque je descend du bus il est presque décevant d’apercevoir les mêmes konbinis et chaînes de restaurants et de magasins que partout ailleurs au Japon (et dans le monde). Seul le tramway d’un autre temps témoigne d’une époque révolue au milieu des immeubles tout gris, des grues et des chantiers de construction de la gare d’Hiroshima. La bonne nouvelle est que le soleil est bel et bien là et que je me sens légère de cette décision prise quelques heures plus tôt.

La première découverte est le château reconstruit d’Hiroshima et qui parait pourtant bien plus authentique que celui d’Osaka. Je capture ma dernière photo de fleurs cerisier devant le château – la saison est finie – Ce qui me surprend le plus est de voir cette nature luxuriante à tout les coins de rue. Les restes d’un bâtiment militaire ont d’ailleurs été conservé au pied du château et c’est drôle de voir a quel point l’herbe fait tout pour se frayer un chemin autour des vieilles pierres restantes.

Pierres anciennes à Hiroshima

Plus loin je tombe nez à nez avec un arbre majestueux, je m’approche et découvre qu’il s’agit d’un eucalyptus qui a survécu au bombardement. Encore une preuve que la nature devrait être notre seul référent…comment ne pas s’incliner devant une telle force ?

De nombreux arbres ont survécus, comme quoi même avec toute la puissance et toutes les énergies négatives réunies la nature reprendra toujours ses droits. Un témoignage raconte l’étonnement de la population d’Hiroshima lorsqu’à peine quelques années après l’évènement les fleurs se sont remisent à pousser au milieu des terrains toujours dévastés. Les prédictions disaient pourtant que rien ne repousserait pendant plus de 70 ans…

Si seulement nous pouvions prendre exemple sur cette nature.

Bomb-a-Dome Hiroshima

La découverte du seul bâtiment conservé en l’état par la ville (le bomb-A dome) ne me laisse pas indifférente. L’état dévasté de ce bâtiment qui fut si beau et si grandiose dans son jeune temps laisse imaginer l’horreur des dégâts causés par cet instrument de guerre insensé.

Des statues de personnes l’entourent comme si des regards de ce jour-là étaient restés figés. Le dôme se trouve le long de la rivière et j’entrevois des morceaux de bols japonais jonchant parmi les cailloux de la rive.

Je descends et constate en effet que cette rive est faite de pierre et de restes de céramique. Même s’ils ne paraissent pas avoir 70 ans, ils laissent croire que c’est à cela que pouvait ressembler le sol juste après l’explosion.

Hiroshima
Hiroshima

Je décide de chercher l’endroit ou l’impact a été déterminé (ground zero) et je trouve une simple statue bouddhiste rescapée et replacée dans un coin de rue, à l’endroit de l’impact (l’hôpital Shima). Les pierres tombales furent toutes pulvérisées mais on peut effectivement apercevoir sur la photo de l’époque cette statue (jigoson) ayant résisté à la violence du choc.

Statue sacrée Hiroshima

Ma première réaction est de toucher cette statue sacrée comme si elle pouvait me transmettre sa puissance. Je pense à tous ces gens qui ont souffert ici. Je m’approche du mémorial de la paix, le monument en soi n’a rien de très joli, tout en béton. Pourtant la statue qui se trouve devant dégage quelque chose de beau. Elle est grande, il s’agit certainement d’un ange auréolé, ses ailes sont immenses, et la beauté de cette statue est accentué par les guirlandes d’origami – symbole de la paix – qui l’entoure. Ces guirlandes colorées apportent la juste touche de couleur qui vient symboliser l’espoir et la paix dans ce monument.

Je trouve que tout est beau et apaisant dans cet endroit bizarrement. J’aperçois sur l’autre rive un groupe d’écolier qui se met en place. Ils vont donner un concert ici face au dôme pour la paix à Hiroshima. Il y a un pianiste. Je suis vraiment chanceuse.

Je m’assied pour en profiter, l’organisation à la japonaise est impressionnante. On dirait qu’ils ont répétés cela depuis des mois et chaque écolier sait parfaitement ou se placer.

Ils forment un groupe parfaitement équitable et d’autant plus harmonieux qu’ils sont tous en uniforme.

Le concert commence… j’ai des frissons. Quel magnifique hasard que de se trouver à l’endroit même où ces événements ont eu lieux, et d’assister quasiment 70 ans après à un concert en cet honneur. Les chants sont très doux et harmonieux. Je me réjouis d’être là, décidément j’ai pris la meilleure décision qu’il soit.

Hiroshima song for peace
Hiroshima song for peace

J’ai peine à me relever tellement je réalise ma chance. Mais l’exploration de cette ville me fascine, alors je continue. La faim se fait sentir, je vais voir du côté du musée de la paix, mais je n’ai pas le courage de m’y engouffrer aujourd’hui. Je crois que j’ai déjà eu beaucoup d’émotion pour la journée.

Je décide de revenir sur mes pas et entre dans un konbini ou je choisis un bento. Je vais m’asseoir le long de la rivière pour le manger. Des étudiants s’approchent alors de moi et me demande en anglais de bien vouloir écrire un message de paix pour Hiroshima. J’écris : « Pour qu’Hiroshima devienne un modèle de paix pour la terre entière… »

Je suis tellement surprise qu’ils fassent vivre la mémoire de ce drame de manière si joyeuse.

Je déguste mon bento avant de reprendre la route. Sur le plan ils indiquent que l’ancienne banque et l’ancienne école se visitent, je suis curieuse de voir ça.

A l’arrivée dans la banque, je ressens tout de suite de fortes énergies, c’est tellement incroyable de pouvoir fouler le sol d’un bâtiment qui a survécu à cette tragédie.  Dans la pièce principale se trouve une exposition de peinture sur le thème du drame. Certaines personnes observant ces tableaux essuient dignement leurs larmes silencieuses à l’aide d’un mouchoir. Quel âge avaient-ils lors de l’attaque? Que sont devenus les membres de leur famille? Autant de questions qui resteront sans réponses.

Je distingue les anciens guichets de la banque. J’ai du mal à croire que de tels guichets aient existé dans ce pays ou tout est automatisé. Ils semblent tout droit sortis d’un film en noir et blanc. Je monte les escaliers et m’échappe de l’exposition.

En parcourant le bâtiment, conservé à l’identique, j’ai des frissons. Une exposition de photos a lieu dans une des pièces. Il s’agit de photos prises juste après l’impact et de photos de reconstructions. Ce qui me frappe ne sont pas les photos récentes mais les photos prises en 1956 ou déjà à l’époque on aurait eu peine à croire de ce qu’il s’était passé 11 ans auparavant.

Porte Hiroshima
Vieille photo d'Hiroshima

Cette capacité à oublier, pardonner et aller de l’avant est une qualité incroyable des japonais. Combien de ville européenne après un tel évènement seraient restées à l’abandon? Les japonais refusent ce genre de souvenirs négatifs. Le musée lui-même ne s’appelle pas musée du bombardement mais musée de la paix…et je dois dire que de ce que je vois Hiroshima tout entière est la ville de la paix.

Une belle leçon de vie. Je continue ma découverte, il y a des pièces partout. Je monte, je descends, je regarde par les fenêtres en imaginant ce qu’on pouvait y voir ce jour là, soulève la moquette pour découvrir l’ancien parquet, puis je descends à nouveau et m’aperçois que je suis dans la salle des coffres fort. Un écriteau explique que ces salles en sous sol ont survécus au bombardement. Les coffres sont grand ouverts… je me sens comme Picsou!

Les portes sont massives, tellement impressionnantes, je m’attends à trouver une montagne de pièce d’or…bien sûr il n’en est rien! L’argent a été remplacé par une exposition photo d’une austérité assez déconcertante et qui ne contraste pas tellement avec la pièce. Il s’agit d’ombre de feuille bleues sur fond blanc. Je comprends qu’il s’agit des feuilles des arbres qui ont survécus au bombardement et que ces photographies sont une idée originale de l’auteur qui se sert de pochette plastique pour photographier les feuilles et leur donner cette effet ombré.

Porte du coffre banque Hiroshima
Shunya Asami exposition
Shunya Asami exposition

Le photographe Shunya Asami apparait en personne et m’explique effectivement son procédé. Il parle anglais et est très content que je m’intéresse à ce qu’il raconte. Cet homme est passionné, ça se ressent et j’apprécie beaucoup. Je le suis, il me montre toutes ces photos et m’explique tout. Il me dit qu’il prend de nouvelles photos chaque jour et décide de me montrer celle d’aujourd’hui. Il sort les imprimés qui sont jaune pâles, il va chercher un fer à repasser et me montre comment il fait apparaitre la couleur. Sous l’effet de la chaleur du fer, la couleur bleu apparait. C’est magique… je suis impressionnée. Il me propose d’essayer à mon tour.

J’ai peur de lui foiré son œuvre mais il me rassure alors je me lance et fais des cercles avec le fer à repasser. La couleur apparait, je trouve ça génial. Je suis comme une enfant et lui aussi, il me prend en photo. Puis je réalise le surréalisme du contexte : je me trouve à Hiroshima dans la salle des coffres fort de la banque bombardée par une bombe atomique 70 ans auparavant et je fais de l’art avec un inconnu…ma vie est géniale et suivre mon intuition est le meilleur choix que j’ai pu faire. Je le remercie pour cette expérience et prends ses contacts pour pouvoir le suivre à distance. Avant de partir je jette un dernier coup d’œil aux coffres fort. Moi et ma passion pour les portes en voilà qui méritent effectivement mon attention.

Je fini par sortir de cette banque et je ne saurai dire combien de temps s’est écoulé… définitivement ici la notion de temps n’existe plus.

Je me dirige ensuite vers l’ancienne école mais je m’aperçois qu’il est 17h et que mes visites devront s’arrêter là pour aujourd’hui. Je file récupérer mes affaires en tramway histoire de ressentir un peu plus l’énergie du passé.

Je peine à trouver l’auberge dans laquelle j’ai réservé un lit. Heureusement les japonais sont gentils et l’un d’entre eux m’indique la route grâce a son téléphone. Le lieu s’appelle Roku CE qui signifie six. Il s’agit d’une vraie maison traditionnelle japonaise. Et effectivement j’y suis accueilli à la japonaise.

Un bon groupe est présent dans la salle commune lorsque j’arrive et je suis assailli de « Ohayo » et phrases d’accueils en tout genre. Tout le monde me demande mon nom et c’est drôle de les entendre essayer de le prononcer. On me montre mon dortoir qui est très mignon. Tout est neuf et très bien fait. Enfin un dortoir avec de la place pour mettre ses affaires.

Je décide de cuisiner, c’est rare d’avoir accès à une cuisine en voyage. Je pars à l’aventure des konbini et trouve des épinards congelés et des champignons. C’est tellement appréciable de pouvoir préparer son propre repas, lorsque l’on est sur la route depuis plusieurs mois. C’est l’anniversaire d’une japonaise, je vais voir ce qu’il se passe et me retrouve sur la photo de groupe. Mais ils sont en train de fermer et s’apprêtent a sortir. Je ne suis pas le mouvement, trop fatiguée de mon voyage. Je rejoins mon lit, heureuse.

Le lendemain matin, je descends pour prendre mon petit déjeuner et m’assoie dans la salle commune face à un type qui visiblement vient d’arriver. On entame rapidement la conversation, il s’appelle Tom et vient de Londres. Je lui raconte à quel point j’ai aimé Hiroshima et l’atmosphère qu’il s’en dégage. Il me dit qu’il envisageait de faire le tour de la ville en vélo aujourd’hui et me demande si je veux venir avec lui. J’acquiesce, un peu d’exercice ne me fera pas de mal et Hiroshima se prête très bien au vélo. L’auberge en loue pour un prix ridicule.

Sur la table, la photo de la veille. C’est mon exemplaire, je trouve ça super sympa. Cet objet est devenu tellement rare et précieux, une photo imprimée! Je remonte faire mon sac aussi vite que possible puisque ce soir je me rends à Miyajima.

Les vélos sont très mignons. On se met en route tout en discutant. Tom est architecte et très souriant. Il est très curieux et nous parlons de tout et de rien. Il est en vacances 3 semaines. Certainement encore un de ces nombreux désabusés de leur vie – comme l’on rencontre énormément dans les auberges de jeunesse – qui prend un break en se disant qu’il faut que les choses changent, tout en sachant très bien que rien ne changera au retour. Il me dit quand même qu’il a quitté son entreprise, l’espoir est là!

On pédale et arrive au château d’Osaka. Je fais la guide. Je lui montre les vestiges du bâtiment devant le château, l’eucalyptus bombardé. Tout va tellement plus vite en vélo. On se rend ensuite au dôme, on fait le tour et l’on se rend au Jigoson. Il a le même réflexe que moi, il le touche.

Nous passons devant le mémorial de la paix et décidons ensuite de nous rendre au musée de la paix. Devant le musée se trouve une flamme éternelle en mémoire des victimes et de l’évènement. Il souligne que l’architecte du bâtiment est célèbre dans le milieu et que le bâtiment est un chef d’œuvre d’un point de vue architectural. Nous garons nos vélos et entrons dans le musée de l’horreur. Le musée est plein, ce doit être le jour des groupes scolaires…ce qui rend difficile toute tentative d’approche des vitrines.

Quand je réalise ce qui se trouve à l’intérieur, je me dis que ça n’est peut être pas si grave. Des lambeaux de peau, des ongles…des chaussures, des vêtements carbonisés avec l’histoire de chaque personne à qui cela appartenait. Des enfants pour la plupart, je me retourne et vois des photos de personnes brulées. Comment peut-on en arriver à des atrocités pareilles? Ça me soulève le cœur. Je constate que Tom ne m’attends pas. J’accélère le pas également. Trop difficile à supporter. Je sors. Tom m’attends là. Il me dit que c’était intenable pour lui.

C’est sûr, l’énergie qui s’en dégage est pesante. Heureusement devant nous se trouve un atelier origami. Les origami en forme d’oiseaux – de grues – sont devenus les emblèmes de paix de la ville. L’animateur est très marrant. Un japonais d’une cinquantaine d’années que je fais bien rire avec mon manque d’agilité. Il fait voler nos oiseaux en nous conseillant d’aller manger des okonomiyaki : « Vous pourrez voir la danse des « bonitos flakes » qui frétillent sous la chaleur » Ça donne envie !

Après les Okonomiyaki, nous enchainons avec la visite de l’ancienne école. Nous garons nos vélos dans un parking souterrain avec rampe d’accès automatisé pour bicyclette. Encore un truc japonais bien pratique. L’école est déserte. Une drôle d’atmosphère s’en dégage avec ses murs blancs. Cette école servit de refuge car ce fut un des seuls bâtiments qui résista. Des messages écrits à la craie ont été retrouvés sur les murs noircis par l’explosion.

Les rescapés indiquaient ou ils se rendaient et les personnes qu’ils recherchaient. Ça fait froid dans le dos d’imaginer un tel chaos. Un témoignage d’un médecin suisse, venu aider au secours me transperce le cœur. Il explique l’atrocité des évènements. Je reste bloqué plusieurs secondes. Puis je regarde par la fenêtre la cour de récré. Il est vraiment difficile de se figurer de tels évènements. Je continue la visite et descends.

D’autres messages sur les murs et des témoignages de professeurs. Puis une autre pièce où se trouve un film et des témoignages d’enfants. L’un d’eux explique qu’il a survécu car il venait tout juste d’arriver à l’école, il est descendu au sous sol pour mettre ses chaussures de gym et d’un coup tout s’est retrouvé noir autour de lui. Il a voulu retrouver le chemin de sa maison mais il lui semblait que tout était plus noir que la nuit…

Tout ça me laisse sans voix. Nous regardons le film avec Tom mais manquons de nous endormir tous les deux. Je crois que c’est beaucoup d’émotions. Nous quittons l’école un peu abasourdis. Que dire après un tel condensé d’atrocité?? Nous décidons qu’il nous faut un café.

Nous entrons dans un café ou tout le monde semble être très âgé. Nous prenons un café et des pâtisseries et dégustons cela tout en se racontant nos vies. Il s’absente aux toilettes et je constate qu’une jeune japonaise me prend en photo. Je me retourne et effectivement c’est bien moi. Je lui fais coucou et elle se retrouve toute gênée. Je l’entends dire « Kawaii!! » – trop mignon!! – à sa copine. Ce genre de réactions ne sont pas évidentes à saisir pour nous. Je pense qu’elle me trouve jolie, les japonaises vouent un certains cultes aux européennes. Quand nous nous apprêtons à sortir je lui fait un signe de la main et elle pouffe de rire encore plus mal à l’aise.

Nous décrétons après toutes cette journée, qu’il est temps de rentrer à l’hostel. Je dois encore me rendre à Miyajima ce soir. C’était une belle journée de plus à Hiroshima. Les adieux à l’auberge prennent un temps fou.

Au Japon, il ne suffit pas de se dire au revoir une fois.

Elle reprend une photo de moi sur le perron et me remercie à base de dizaine de « arigato gosaimasu ». Tom m’accompagne au métro et je m’aperçois que j’ai oublié mon parapluie. Je reviens sur la pointe des pieds pour ne pas avoir droit à une autre cérémonie d’au revoir.

Arrivés au métro, nous échangeons nos coordonnées et nous prenons dans les bras, une très belle journée de plus avec un parfait inconnu. C’est souvent ce que réservent les voyages en solitaire.

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